Entre SuperAdobe et Kitesurf
Passionné par les constructions écologiques, j’ai entrepris de suivre des formations pour maîtriser la technique du Superadobe. Après avoir perfectionné mes compétences lors de plusieurs sessions en France, une opportunité inattendue s’est présentée: le capitaine Superadobe lui-même m’a invité à partir à l’aventure. Le deal était simple : nous partirions ensemble à Dakhla pour ériger un petit village en Superadobe destiné à une école de kitesurf. En échange de mon travail sur le terrain, j’ai bénéficié d’un hébergement, de repas copieux et la possibilité d’apprendre un peu plus sur les techniques de construction.
L’école de kitesurf, connue sous le nom de Dream Kit, avait une vision ambitieuse : construire une vingtaine de dômes pour offrir à ses élèves un environnement optimal. À notre arrivée sur le chantier, nous avons été accueillis à la marocaine, comme des rois, avec beaucoup de sourires et de générosité. Après quelques semaines, Dream Kit m’ont gentiment proposé de me former gratuitement au kitesurf. Je n’avais jamais pensé à pratiquer ce sport, mais c’est le genre d’opportunité qui ne se refuse pas. Ainsi, mes journées étaient rythmées par le travail sur le chantier le matin et par les sessions de kitesurf l’après-midi. Ce fut une belle aventure autant humaine que sportive.
Voila comment je suis parti à Dakhla pour construire des maisons en Superadobe et je suis rentré en sachant faire du Kite.
Les origines du SuperAdobe
Le SuperAdobe est une technique de construction récente, durable et économique développée par l’architecte iranien-américain Nader Khalili dans les années 1980. Cette méthode utilise des sacs remplis de terre, un mélange de sable et d’argile. Ensuite, on viens les mettre les uns sur les autres en les tassant tour à tour. Une fois les boudins empilés, on recouvre le tout avec un enduit terre (Sable, argile, chaux).Ce sont des constructions qui prennent la forme de dôme. Bien qu’on puisse faire des maisons carrées, ou laisser libre cours à nos imaginations cette technique est plutôt faite pour avoir des arrondies. La forme circulaire est intéressante car elle répartit mieux les charges, ce qui en fait une maison beaucoup plus solide qu’une maison rectangulaire. D’ailleurs, ces maisons sont bien plus résistantes au séisme que les maisons classiques.
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Les avantages du SuperAdobe
Une des principales caractéristiques du SuperAdobe est son coût relativement faible par rapport aux méthodes de construction conventionnelles. En utilisant des matériaux simples les coûts de construction peuvent être considérablement réduits, ce qui en fait une option attrayante pour les communautés à faibles revenus ou pour les projets avec des budgets limités.
Un autre gros avantage de cette construction est qu’on utilise la matière disponible sur place, ce qui réduit considérablement l’empreinte carbone.
Les murs sont très épais, entre 60 et 80 cm, ce qui permet une très bonne isolation acoustique mais aussi de maintenir la température à un niveau stable. La terre régule le taux d’humidité naturellement : si c’est humide, elle absorbe, si c’est trop sec, elle rejette l’humidité.
C’est un travail d’équipe, et construire ensemble crée forcément des liens forts entre les participants. Cette méthode de construction est simple mais très exigeante physiquement. C’est pourquoi il faut une bonne équipe pour pouvoir se relayer dans les tâches difficiles.
Tout est modulable, on peut laisser libre cours à notre imagination quant à la forme voulue. De plus, contrairement aux constructions classiques, on n’est pas limité aux centimètres près. La marge d’erreur est un peu plus acceptable, donc plus accessible à ceux qui ne sont pas experts en construction.
Cette forme circulaire est intéressante car elle répartit mieux les charges, ce qui rend la maison beaucoup plus solide qu’une maison rectangulaire. D’ailleurs, ces maisons sont bien plus résistantes aux séismes que les maisons classiques.
Le seul inconvénient de ce type de construction est qu’il demande beaucoup de force physique.
Dakhla la Mecque du kit surf
En quelques années seulement, Dakhla est devenue la destination phare du kitesurf et des sports nautiques. Si en l’an 2000 aucun touriste n’en avait entendu parler, aujourd’hui, elle est devenue un incontournable pour les passionnés de glisse. Nichée au cœur du désert du Sahara, la baie de Dakhla offre un paysage à couper le souffle, où les dunes de sable rencontrent les eaux cristallines et peu profondes de la lagune.
Ce qui fait la renommée de Dakhla, c’est son vent constant et puissant toute l’année, idéal pour le kitesurf. De plus, dans la plupart des zones de la baie, on a pied, ce qui facilite grandement l’apprentissage. Ces conditions parfaites conviennent aussi bien aux débutants qu’aux experts.La baie, d’une taille immense, permet à des centaines de kiteurs de naviguer sans se gêner. De plus, il existe de nombreux autres spots autour de la baie pour ceux qui recherchent plus de tranquillité et d’authenticité.
Outre le kitesurf, Dakhla regorge d’autres activités à découvrir : surf, excursions dans le désert, snorkeling, pêche, et bien d’autres encore.Il n’est donc pas étonnant que Dakhla ait connu une explosion touristique en quelques années seulement, attirant des visiteurs du monde entier.
La découverte du kit surf
Je n’avais jamais vraiment envisagé de pratiquer ce sport auparavant, mais le kitesurf est venu à moi. Lorsqu’une opportunité aussi belle s’est présentée, il était difficile de la refuser. Après avoir passé plusieurs semaines à observer les ailes voler chaque jour, ma curiosité a commencé à grandir petit à petit.
Le kitesurf n’est pas un sport que l’on peut apprendre en 2 ou 3 jours. C’est un sport plutôt technique car il faut gérer à la fois le vent et l’aile, mais aussi la planche et la glisse. Il faut coordonner deux éléments distincts pour trouver l’équilibre entre vitesse et stabilité.
La première étape consiste à apprivoiser le vent : certainement la plus difficile et la plus dangereuse. Pour faire du kitesurf, il faut un vent fort, généralement entre 20 et 60 km/h, et l’aile mesure généralement entre 7 et 14 mètres carrés de surface. Imaginez une rafale de vent qui atteint 40 km/h sur votre aile de 10 mètres carrés, qui est face au vent : la puissance est colossale. Cela peut facilement vous arracher du sol et vous projeter à plusieurs dizaines de mètres plus loin.
Lors de ma première session, je me rends compte que la moindre erreur d’inattention peut se payer très cher.
Entre défi et plaisir
Les premiers jours consistent à apprendre avec l’aile, en dehors de l’eau. On se familiarise avec l’aile et on apprend à la déplacer dans le ciel. Ressentir la puissance du vent est à la fois excitant et angoissant. La moindre erreur peut être rapidement sanctionnée. Le vent ne pardonne pas : s’il souffle et que l’aile est mal positionnée, il nous emporte.
Ensuite, on apprend dans l’eau avec la planche là où l’on a pied. Au début, c’était beaucoup d’efforts et de frustrations comparés au plaisir éprouvé, du moins c’était mon expérience. Parfois, on perd sa planche, parfois on se fait claquer au sol. Je buvais environ 2 litres d’eau de mer par séance. Et comme on ne sait pas remonter au vent, on se fait rapidement déporter par le vent et il faut remonter au vent à pied. Cela semble simple quand on sait le faire, mais quand on ne sait pas, cela peut vite devenir épuisant.
Ce n’est qu’au bout de 10 jours que j’ai commencé à prendre du plaisir à me lever sur la planche et à faire mes premières lignes. La première sensation de glisse est tellement intense et jouissives. C’est à ce moment-là que je me suis dit que ça valait la peine de boire de l’eau de mer par litres et de galérer pendant des jours.
Leçon de vie
« La direction est dictée par le regard ». Quand mon moniteur de kitesurf m’a prononcé cette phrase, elle a résonné profondément en moi, car elle traduit une vérité universelle : nos trajectoires de vie sont souvent façonnées par ce que nous visualisons. « Si tes yeux se tournent vers la droite, alors ta tête suit, entraînant les épaules, puis légèrement le bassin. Ainsi, tout ton corps se dirige là où tu regardes« .
Dans la vie, si nous avons un objectif et que nous ne le perdons pas de vue, alors toutes les choses autour de nous s’alignent pour aller dans cette direction.
Choisir sa direction de vie, c’est choisir où l’on veut porter son regard. Si nous nous concentrons sur les problèmes, nous attirons davantage de problèmes. Mais si nous nous focalisons sur les solutions, nous attirons des opportunités de croissance.
Toujours garder notre destination en vue, car là où l’esprit se pose, le chemin se révèle.
Être à la merci des éléments nous rappelle notre humble place en tant qu’êtres humains, non pas des dominateurs de la nature, mais des individus susceptibles d’en être les victimes.
Lorsque nous sommes tirés par le vent, le réflexe instinctif est d’essayer de lutter contre lui pour ne pas être arrachés du sol. Le problème est que plus nous luttons, plus nous ouvrons l’aile face au vent, et donc plus nous sommes tirés. Comme nous ne sommes pas plus forts que le vent, il vaut donc mieux danser avec lui plutôt que de lutter contre lui. Accepter sa puissance et s’adapter en conséquence plutôt que de lui résister aveuglément.
Il est inutile de lutter contre les choses que nous ne pouvons pas changer, que ce soit le vent ou dans nos vies personnelles. Pour avancer, il faut savoir accepter et s’adapter à notre environnement.