Mongolie : un pays intense
Voici le lien du podacst enregistré par Quelle odyssée aujourd'hui qui retrace mon parcours en Mongolie :
La Mongolie à cheval en solitaire
Un jour, je me suis mis à rêver de la Mongolie, de ses paysages intacts et de ses grandes étendues.
Je rêvais d’acheter un cheval et de partir en solitaire, à la rencontre des dernières tribus nomades avant qu’elles ne disparaissent.
L’idée de partager ce trip avec un cheval me plaisait énormément. Je ne l’imaginais pas seulement comme un moyen de transport, mais plutôt comme un compagnon de voyage. Convaincu qu’une certaine intimité et complicité apparaîtrait au cours de l’aventure.
Je voulais être loin de tout, seul face à moi-même, je voulais repousser mes limites afin de me découvrir un peu mieux.
Courage et détermination
Dès mon arrivée en Mongolie (juin 2023), j’ai compris que l’aventure risquait d’être plus compliquée que prévu.
Lorsque j’expliquais mon idée aux Occidentaux, ils étaient sous le charme. Lorsque je m’adressais aux Mongols, tous sans exception me déconseillaient de le faire. Et quand je leur disais que je n’avais jamais monté un cheval avant, ils me prenaient vraiment pour un fou.
Ils m’ont dit que j’allais me perdre, que j’allais me faire manger par les loups ou les ours, que le cheval allait s’enfuir avec mes affaires sur le dos, qu’il fallait de l’expérience pour pouvoir monter des chevaux mongols, que je pouvais tomber et me blesser gravement, etc
Ils m’ont mis face à la dure réalité de la vie mongole et des risques qu’ils encourent chaque jour. Je prends conscience de la difficulté, qui est de plus en plus palpable, mais je ne perds pas ma motivation pour autant.
Je sais pertinemment que pour accomplir ses rêves, il faut faire preuve de courage et de détermination.
L’achat du cheval
Je pense que ça en intéressera certains puisque avant mon départ, je n’avais pas trouvé beaucoup d’info sur le sujet, donc voici mon retour d’expérience.
Une fois arrivé à Khatgal lieu de départ choisi pour mon aventure, j’ai recherché des éleveurs de chevaux. J’en ai rencontré plusieurs mais aucun ne semblait vraiment intéressé. Puis j’ai rencontré Mara, éleveur de Yak et de chevaux, il m’invite chez lui assez naturellement.
Comme beaucoup de Mongols, c’est difficile de lire ses émotions, il me regarde bizarrement, j’ai l’impression qu’ il ne m’aime pas. Et en même temps il m’offre à manger, à boire, et un endroit pour dormir.
Au final je suis resté une semaine chez lui à vivre le quotidien de cette jolie famille d’éleveur ; J’en ai profité pour apprendre les bases du cavalier Mongol. Les derniers jours, j’ai réalisé qu’en fait il m’aime bien, c’est juste qu’en Mongolie ils ne montrent pas de la même manière que chez nous leurs affection.
Mara sélectionna 2 chevaux dans 2 hordes différentes, ça lui a pris 2 jours. Il a compris qu’il me fallait un cheval calme et coopératif vu mon inexpérience avec les chevaux. Le choix fut plutôt rapide, le premier cheval plus âgé était à peu près calme et obéissait. Le second plus jeune et plus stressé part en rodéo dés que je lui montais dessus.
En Mongolie, les chevaux sont semi sauvages donc s’ils ne sont pas attachés, il est impossible de les approcher. Et même s’ils sont attachés, il faut être prudent, car clairement, ils ne s’attendent pas forcément à recevoir des petites papouilles sur la nuque.
Le prix d'un cheval varie énormément
Le prix dépend de l’âge, la taille, la forme physique, le caractère,… Ceux utilisés pour Nadaam valent plusieurs milliers d’euros. Ce qui fait varier le plus le prix, c’est votre nationalité évidement.
Un cheval lambda vendu de mongol à mongol s’élève à environ un million de Tugriks, soit, 265 euros. Ça, c’est le prix mongol donc peu de chance de l’acheter à ce prix-là en tant que touriste.
Moi, je l’ai acheté 2 millions de Tugriks, donc 2 fois le prix, soit 530 euros. Il me propose un deal, si à la fin de mon aventure j’ai toujours le cheval, il me le rachète moitié prix soit, 265 euros. J’accepte le deal, je ne cherche même pas à négocier. Il m’a nourri, et logé pendant une semaine. Il m’a également montré comment faire les nœuds, mettre la selle, la régler, nourrir le cheval, et autres petits grigris de superstition mongol. Et le plus important, il m’a choisi un cheval qui me correspondait bien, il avait l’air plutôt calme comparé à certains. Plus calme donc plus cher m’a t-il dit.
Le prix incluait la selle (en bois type russe), des cordes, des sacs pour transporter mes affaires ; tout pour partir en autonomie.
Mon parcours dans le Nord de la Mongolie
J’ai acheté mon cheval à Khatgal, puis j’ai remonté le lac khovsgol pendant 3 jours sur la partie ouest. Ensuite, j’ai traversé les montagnes jusqu’à Rechinklumbe où j’ai pu me ravitailler. Puis, je me suis dirigé vers Tsaganuur en passant par le côté est de la zone des lacs. Je suis resté 3 jours à Tsaganuur pour bien me reposer et me préparer avant la partie la plus isolée, la plus compliquée.
Pour atteindre les tribus les plus isolées qui sont à la frontière russe, il faut vraiment le mériter. Ce sont des zones plutôt hostiles où l’on ne voit ni homme, ni yourte, ni même troupeaux d’animaux qui sont pourtant partout en Mongolie. Je comprends vite pourquoi, car tout au long du chemin, on est accompagné d’une nuée d’insectes : mouches, moucherons, moustiques, taons. Toutes les parties de mon corps étaient recouvertes, à part mes yeux. Je ne pouvais malheureusement pas en faire autant avec le cheval qui se faisait dévorer.
La progression était compliquée à cause des marécages et de la boue créée par la fonte des neiges.
Je suis resté plusieurs jours à vivre avec 2 tribus différentes, ils m’ont appris à faire des tipis, je les aidais à rapatrier les troupeaux de Rennes, et j’ai eu la chance de pouvoir participer à 3 cérémonies chamaniques.
J’ai appris beaucoup de choses à leur côté en peu de temps. J’éprouve beaucoup d’admiration à leur égard car vivre comme ils le font n’est vraiment pas simple. Ils pourraient rejoindre le village comme la majorité des autres éleveurs et se sédentariser. Mais ils ne choisissent pas la facilité, ils s’efforcent de faire perdurer les traditions de leurs ancêtres éleveurs de Rennes.
Malheureusement, je pense qu’il ne reste plus beaucoup d’années avant qu’ils ne disparaissent totalement. Les jeunes sont légitimement attirés par la ville et des conditions de vie plus agréables.
Mon quotidien
Je montais le cheval entre 1 et 2 heures par jour et je marchais entre 6 et 7 heures quotidiennement. Je m’adaptais aux humeurs de Johnny. Comme il portait déjà mes affaires, je ne voulais pas lui imposer mon poids en plus et puis j’adore marcher donc on marchait côte à côte la plupart du temps.
Il n’y avait pas toujours de chemin et mon seul GPS, c’étaient les dessins faits à main levée par les Mongols. Des dessins rarement expressifs, quelques traits pour décrire 3 jours de trajet me laissaient parfois perplexe.
Avec chance, je ne me suis jamais trop perdu, ou trompé de direction heureusement, car si on marche une journée dans la mauvaise direction, cela fait deux journées de perdues.
J’avais prévu de traverser des villages tous les 7 jours pour me ravitailler en nourriture. Afin d’éviter d’alourdir la charge, je ne prenais que le strict nécessaire. Bon de toute façon là-bas il n’y a pas grand-chose de plus que le nécessaire.
Dès que je m’arrêtais dans une yourte, on me donnait à manger. Sur le chemin, il y avait de la rhubarbe et des oignons sauvages à profusion ainsi que d’autres plantes comestibles que m’ont montré les Mongols.
J’avais amené une petite canne à pêche avec moi, des fois j’améliorais mes repas avec des poissons pêchés dans les lacs et rivières.
Le retour à un semblant de civilisation fut très apprécié. Enfin je pouvais manger à ma faim, car j’avais déjà perdu quelques kilos. Mais aussi dormir sur mes deux oreilles, puisque les nuits précédentes, j’entendais des loups non loin de ma tente.
Après le festival Nadaam, j’ai revendu mon cheval la moitié du prix auquel je l’ai acheté à un ami de Mara qui ramènera le cheval dans sa horde d’origine à Khatgal.
La Mongolie n’est pas un pays facile pour voyager en solo
Principalement, à cause de la langue, il n’existe aucun mot transparent ou proche de ce que l’on connaît, des sonorités totalement différentes, il m’aura fallu 2 semaines pour dire merci correctement. Même Google translate ne sait pas faire les traductions du mongol. Chaque problème ou question peut être long à résoudre le temps qu’ils comprennent la question et moi la réponse cela pouvait prendre des heures.
Petit conseil : préparez-vous un maximum de phrases en mongol déjà écrites que vous pourrez montrer aux locaux. Si vous n’avez pas de traducteurs, la communication y est très compliquée, presque personne ne parle anglais en dehors d’Oulan-Bator.
Dans le Nord, le climat est rude même en été, il y a le vent glacé de Sibérie, des averses sorties de nulle part, des nuits fraîches voir froides et des journées chaudes.
La nourriture n’est pas très variée, on est loin des 5 fruits et légumes par jours. La viande séchée et le lait de yak deviennent un peu écœurants après quelques jours. Les jours où je mangeais des nouilles chinoises avec un oignon étaient considérés comme un bon repas. Tout se mange sous forme de soupe même le riz, pour lutter contre le froid. Dans certaines familles du sucre sur un morceau de pain constitue le repas du midi. Pour moi qui adore manger, ce fut difficile à gérer.
Malgré la rudesse des Mongols, ils sont un des peuples les plus accueillants que je connaisse. Ça n’a jamais été aussi simple de se faire héberger ou inviter à manger que là-bas. Au premier abord, on a l’impression qu’ils nous regardent mal, le visage plutôt fermé, mais juste après, ils vous amènent à boire et à manger.
Pas facile de lire sur leurs visages ou de comprendre leurs émotions.
C’est l’opposé de notre culture chez nous au premier contact avec un étranger, on sourit, on essaie d’avoir l’air gentil, mais ça ne veut pas dire qu’on l’aidera s’il en a besoin. Tandis qu’eux ne sourient pas, nous regardent même un peu de travers, par contre, tu peux être sûr qu’ils t’aideront s’il y a besoin.
Des fois quand les gens me voyaient passer marcher à côté de mon cheval il venait à ma rencontre pour m’inviter chez eux, j’imagine qu’ils ne voient pas de nouvelles têtes souvent. Et pour les Mongols, marcher à côté d’un cheval n’a absolument aucun sens.
C’est comme si nous on marchait à côté d’un vélo, ça n’a pas d’intérêt.
Il y a eu de belles rencontres comme toujours, mais dans certaines yourtes la vodka coule à flots et ce n’est donc pas l’idéal quand on veut passer une bonne nuit de sommeil réparateur.
mes coups de cœur Mongol
La puissance mongole : ils dégagent une force assez incroyable, vivre dans les conditions qui leur sont imposées est loin d’être facile. Ce sont des gens rudes incontestablement, tout comme le climat, mais le partage et l’entraide sont des qualités obligatoires au sein de leur culture. Ils savent que pour survivre, il faut être forts et s’aider les uns les autres.
Les paysages intacts : la densité de population en Mongolie est de 2 habitants au mètre carré sachant que la moitié de la population vit aujourd’hui dans la capitale, on est bien en dessous d’un habitant au kilomètre pour les régions isolées. L’un des taux les plus faibles au monde, une des régions les plus désertées.
Cela donne l’opportunité de voir des paysages préservés sans aucune trace de l’homme. L’herbe bien verte tondue à la perfection par les millions d’animaux élevés en quasi-liberté. Par moments, on dirait juste un immense terrain de golf.
Pendant plus d’un mois, j’ai bu uniquement l’eau des rivières, par précaution, j’avais amené avec moi une paille filtrante, mais je ne m’en suis jamais servi.